Titre du livre Luka and the Fire of Life
Auteur Salman Rushdie
Année 2010
Genre Conte
RESUME :
Dans la ville de Kahani, au pays d'Alifbay, Luka, 12 ans, mène une vie heureuse et paisible avec sa mère Soraya, son père Rachid Khalifa, conteur, et son frère Haroun, de vingt ans son aîné. Tout bascule le jour où son père sombre dans un sommeil sans fin. Pour le sauver, le jeune Luka doit alors partir à la recherche du Feu de la Vie. Reprenant la mer des histoires où son frère avait tant navigué, Luka, merveilleux petit seigneur des anneaux, devra traverser les obstacles magiques, voyager en tapis volant, éviter les ennemis, le Papa-personne, double Fantomatique et malfaisant de son père, trouver son chemin dans les " brumes du temps " et surtout rapporter le Feu de la Vie. Dans sa course, Luka peut compter sur un chien et un ours magiques.
AVIS :
Si j’ai voulu lire ce livre c’est, je dois l’avouer, uniquement à cause de sa couverture que je trouvais magnifique. Certes l’histoire m’avait l’air intéressante, mais avec une telle couverture, ce livre aurait pu parler de conception de tapis que je l’aurais tout de même lu. Ce livre est apparemment la suite de Haroun and the Sea of Stories racontant les péripéties d'Haroun, le grand frère de Luka dans ce même univers. Honnêtement, je n'ai pas lu ce précédent livre de l'auteur, et cela ne m'a pas du tout gêné. Donc n'ayez pas peur de plonger dans ce livre !
Luka and the Fire of Life est l’un de ces livres poétiques dans lesquels chaque mot semble parfaitement à sa place et enchante le lecteur. Il est plein de jeux de mots, d’allitérations et de magie. Les mots inventés, les abréviations, tout cela vient enrichir un monde déjà merveilleux, sans jamais perdre le lecteur en route, au contraire. Au fur et à mesure que les pages défilent, on se met à s’approprier ces inventions. Le livre devient un vrai travail d’orfèvre, une œuvre tellement travaillée qu’elle chante à nos oreilles et nous surprend sans cesse. Avec ce style poétique, la lecture n’est jamais ennuyeuse, aucune baisse de régime ne se fait ressentir. Les dialogues sont tout aussi enchanteurs, chaque personnage ayant sa manière d’être et de s’exprimer. Le point de vue narratif est intéressant. La plupart du temps la narration est focalisée sur Luka, le héro, nous permettant ainsi de découvrir les histoires de son père en même temps qu’il s’en rappelle ou de douter aux mêmes moments, mais la manière de raconter est avant tout celle du conte, et la figure du conteur et elle aussi intéressante. Cette voix nous immerge dans l’histoire et ajoute à la singularité poétique de ce récit.
Mais la poésie et la créativité de ce livre ne sont pas ses seuls atouts, l’histoire est elle-même enchanteresse. Qui n’a jamais rêver d’entrer dans l’univers des son histoire préférée ? C’est ce qui arrive à Luka, pour notre plus grand plaisir. Ici, le fait d’entrer dans les histoires de son père place le héro dans une situation particulière : il découvre un univers inconnu, et en même temps il en est maître car il a été bercé par ces légendes et leurs règles. Ce monde est unique car il récupère toutes les vieilles mythologies, à la fois des mythes connus comme les dieux grecs, mais également des dieux oubliés comme les dieux africains ou sumériens, et en crée de nouvelles. Il est d’autant plus amusant que l’auteur a conscience que ces mythes sont vieux et que certains dieux peuvent passer pour obsolètes, et c’est avec humour qu’il nous présente ces héros des histoires passées. Ce regroupement de vieilles histoires en un seul monde est déjà un coup de génie, mais ce qui rend cette histoire encore plus originale, c’est que ce monde est présenté comme un conte et comme un jeu vidéo avec un système similaire aux jeux de plateforme. Le lecteur est ainsi déboussolé, mais en même temps il reconnaît les caractéristiques de ce genre d’univers, ce qui rend l’environnement de l’histoire merveilleux mais également tangible. L’univers a ses règles propres que l’on découvre au fur et à mesure, et l’auteur s’y tient. Les personnages ont eux aussi leur originalité et leurs singularités. Certes, Luka est le type même du héro de conte, qui apprend à vaincre ses peurs grâce à des épreuves, mais il est également la personne extérieure au World of Magic dont on a besoin pour suivre les mécanismes, et il est tout de même attachant. Mais les autres personnages, sortant pour la plupart de contes ou bien étant merveilleux d’une manière ou d’une autre, ont tous quelque chose de particulier, une manie, qui les rend adorables –dans le sens qu’on adore, qui nous restent dans l’esprit-, les gentils comme les méchants.
Au final, ce livre a été une magnifique surprise tant sur la prose, que sur le monde et les personnages. C’est définitivement le genre de livre qui me ferait acheter d’autres livres de cet auteur. On rentre dans ce monde, et on ne peut plus en sortir tant que l’on ne l’a pas fini. Un livre qui stimule l’imaginaire, à mettre absolument entre les mains des adeptes de contes et de voyages initiatiques.
***
“Are you familiar” he said finally, “with the Bang ? ”
“The Big Bang?” Luka asked. “Or some other Bang I don’t know about ? »
“There was only one Bang,” said Nobodaddy, “so the adjective Big is redundant and meaningless. The Bang would only be Big if there was at least one other Little or Medium-Sized or even Bigger Bang to compare it, and to differentiate it from.”